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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/203

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JACK LONDON

de riantes vallées qui s’enfonçaient vers l’intérieur de l’île. S’ils réussissaient à gagner leur but, les deux hommes pourraient tranquillement défier Loup Larsen.

Je n’avais pas été sans remarquer que, durant toute la matinée, deux chasseurs de phoques n’avaient pas cessé de faire les cent pas sur le pont du Fantôme, leurs fusils sous le bras. Je ne tardai pas à comprendre pourquoi.

Ils épaulèrent et ouvrirent le feu à volonté sur les deux déserteurs. Entre les deux tireurs, s’engagea un concours d’adresse.

Leurs balles commencèrent par ricocher, inoffensives, sur la surface de l’eau, à droite et à gauche du canot. Mais, comme les matelots continuaient hardiment leur fuite, le tir se précisa et les balles se rapprochèrent de plus en plus.

— Tenez, regardez, monsieur Van Weyden… me dit Smoke. Je vais choper l’aviron droit de Kelly.

Je portai à mes yeux la longue-vue du bord et vis en effet le plat de l’aviron, soigneusement visé, voler en éclats.

Le canot oscilla. Puis les trois autres rames furent cassées net. Avec les débris qui leur restaient Harrison et Kelly tentèrent de ramer encore. Après une nouvelle grêle de coups de feu, les manches des avirons furent réduits en miettes.

Kelly arracha une planche, du fond du canot, et commença à pagayer. Mais les éclats du bois

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