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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/202

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LE LOUP DES MERS

Il ajouta, m’ayant tiré à part :

— C’est une suggestion qu’il va méditer. Je parie un mois de paie qu’il la suivra.

J’avais espéré que les deux victimes désignées trouveraient l’occasion de s’échapper, pendant que nous ferions notre eau à l’île Wainwright.

Mais Loup Larsen avait pris ses précautions et bien choisi les lieux.

Le Fantôme, après avoir franchi la ligne des brisants, avait jeté l’ancre, à un demi-mille du rivage, dans une crique déserte sur laquelle s’ouvrait une gorge profonde, encadrée de falaises volcaniques, qu’aucun homme ne pouvait tenter d’escalader.

C’est là que, sous la surveillance de Loup Larsen, qui était lui-même descendu à terre, les matelots, y compris Leach et Johnson, emplirent d’eau douce les barils qu’ils faisaient ensuite rouler jusqu’à la grève, où on les embarquait dans les canots.

Et une tentative d’évasion, à bord d’un des canots, apparaissait tout aussi chimérique.

Harrison et Kelly, cependant, tentèrent le coup.

Partis de la goélette avec un tonneau vide, ils ne tardèrent pas à modifier la direction du canot. Au lieu de ramer vers la grève, ils gouvernèrent vers un des promontoires écumants qui l’encadraient. Derrière, c’était la liberté.

Sur son revers s’étendaient plusieurs jolis villages, élevés par des colons japonais, à l’orée

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