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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/214

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LE LOUP DES MERS

Sur ces mots, il alla prendre la barre, tandis que Mugridge et moi obéissions. Pendant cette opération, un autre souffle de vent passa dans l’air, puis un autre encore. Les voiles claquèrent paresseusement.

— Grâce à Dieu, la bourrasque n’arrive pas d’un seul coup, remarqua aigrement le coq.

J’en savais assez long pour comprendre qu’avec toutes ces voiles déployées, si la tempête s’était abattue sur nous tout d’une pièce, une catastrophe était inévitable. Mais, grâce à Dieu, comme disait Mugridge, ce fut progressivement que le vent grandit. Il soufflait en poupe. Les voiles, peu à peu, se gonflèrent. Le Fantôme remuait. Bientôt il partait à fond de train.

J’étais allé rejoindre Loup Larsen. Il approuva de la tête ce que j’avais fait et me passa la roue. Je la tins, une heure durant, et non sans peine, sur une mer qui grossissait de minute en minute. Le vent devenait aussi plus violent. Nous filions à toute allure.

— Notre vieux rafiot sait encore bien marcher ! observa complaisamment Loup Larsen. Rendez-moi la barre, monsieur Van Weyden… Je vais vous relayer. Vous, grimpez au mât de misaine, installez-vous au mieux, et voyez si vous apercevez nos canots.

Je grimpai à plus de vingt mètres au-dessus du pont et scrutai en vain l’eau déserte. À la vérité, à la vue de la mer démontée, sur laquelle nous

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