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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/213

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JACK LONDON

sur nous. Elles embrasaient nos visages et mettaient sur Loup Larsen comme une auréole sanglante.

La chaleur se faisait de plus en plus insupportable et je sentais la sueur, qui me perlait du front, couler le long de mon nez. À un moment, il me sembla que j’allais me trouver mal et je m’approchai de la lisse pour m’y appuyer.

À cet instant même, un souffle léger nous frôla. Il venait de l’est, était ténu comme un soupir et, comme un soupir, s’évanouit. La toile flasque des voiles n’avait pas remué. Et pourtant j’avais nettement senti le mouvement de l’air, et son souffle m’avait délicieusement rafraîchi.

— Cuistot ! Arrive un peu… appela Loup Larsen, d’une voix sourde.

Thomas Mugridge montra une face apeurée et pitoyable.

— Donne du mou à l’écoute de la misaine-goélette ! ordonna le capitaine. Laisse gentiment filer sur les poulies, puis amarre tout ! Et, si tu fais du gâchis, tes débuts dans l’art nautique n’auront pas de suite… Compris ?

Et, se tournant vers moi :

— Monsieur Van Weyden, veuillez surveiller le coq et lui donner un coup de main si c’est nécessaire. La même manœuvre s’exécutera ensuite avec les focs. Et le plus tôt possible… Ce sera prudent. Si le coq n’exécute pas vos ordres assez rapidement, tapez dessus, sans hésiter. Frappez entre les deux yeux !

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