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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/216

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LE LOUP DES MERS

que la mer vide et désolée. Puis, là où un faible rayon de soleil frappait l’eau, par un trou des nuages, transformant sa surface en une nappe d’argent agitée, je perçus un petit point noir projeté vers le ciel, où il se perdit presque aussitôt.

J’attendis patiemment, et le petit point noir reparut de nouveau, par tribord, sur l’eau démontée. Dans le tintamarre ambiant, je n’essayai pas de crier la nouvelle à Loup Larsen. Mais je lui fis, du bras, un signe qu’il comprit.

Il modifia le cap du navire et, par un nouveau geste, je l’avertis, quand il en fut temps, que le petit point noir se trouvait maintenant droit devant nous.

De cet instant, le point grandit si rapidement que, pour la première fois, je me rendis réellement compte de l’allure à laquelle nous allions.

Loup Larsen me fit signe de descendre et, quand je fus près de lui, il m’ordonna de carguer, avec l’aide du coq, la grande voile, afin de ralentir notre marche.

— C’est maintenant que l’enfer va se déchaîner, dit-il.

Le canot était tout près de nous. Je discernais, de façon claire, qu’il était totalement désemparé.

Vent et mer debout, il saquait sur son mât et sur sa voilure qui, à notre approche, avaient été jetés par-dessus bord, et dont il se servait comme d’une ancre de salut, pour se maintenir, tant bien que mal, debout à la lame.

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