Aller au contenu

Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE LOUP DES MERS

quiers, et qu’elle était sensiblement plus grande. Quand nous fûmes plus près d’elle, elle replia sa voile et abattit son mât. Puis les occupants relevèrent leurs avirons et attendirent tranquillement que nous les prenions à bord, après nous être mis nous-mêmes en panne.

Smoke, qui était redescendu sur le pont et se trouvait près de moi, commença à glousser d’un air entendu. Je l’interrogeai du regard.

— Ça, alors, il ne manquait plus que ça ! ricana-t-il.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? demandai-je.

Il se reprit à glousser et répondit :

— Vous ne voyez pas qui est là, à la place d’honneur, dans le canot, entre les rameurs et l’homme de barre ? Que je ne tue jamais plus un seul phoque si ça n’est pas une femme !

J’écarquillai les yeux, pour mieux voir, et je doutais encore, lorsque j’entendis tous les hommes s’exclamer autour de moi. Il y avait quatre marins dans le canot, et le cinquième occupant était bien une femme.

Nous étions tous dévorés de curiosité, sauf Loup Larsen, qui était visiblement déçu de ne pas avoir devant lui son propre canot et les deux victimes de ses cruautés. Après une brève manœuvre que nous effectuâmes, le canot se trouva sous le vent de la goélette et nous accosta, après quelques derniers coups d’aviron.

Je pouvais, maintenant, facilement détailler la