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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/246

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LE LOUP DES MERS

Les ordres suivirent les ordres. Les voiles du Fantôme se gonflèrent à nouveau et Loup Larsen cria :

— La barre au vent !

Oofty-Oofty, qui avait remplacé à la barre le gros Louis, obéit, et la goélette se remit à bondir de l’avant.

Loup Larsen riait aux éclats. Il fit au canot et à ses occupants — dont les visages, complètement décomposés, étaient effrayants — un signe les invitant à le suivre.

« Il veut leur infliger une sévère leçon, pensai-je. Ça vaut encore mieux que de les battre à mort… Mais la leçon est dangereuse, car les malheureux risquent à tout moment de chavirer. »

Effectivement, le canot recommença à prendre notre piste et à nous courir après.

— Au fond de leur cœur, me murmura Louis dans l’oreille, ils ont peur de mourir…

— Le jeu de Loup Larsen est cruel, répondis-je. Mais ce n’est qu’un jeu. Il les repêchera, le moment venu.

Louis me regarda d’un air matois.

— En êtes-vous bien sûr, monsieur Van Weyden ? me demanda-t-il.

— Je n’en doute pas… Et toi ?

— Moi, je pense surtout à ma peau. Et, de plus en plus, je me demande dans quel guêpier je me suis fourré, pour avoir bu trop de whisky à Frisco.

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