Aller au contenu

Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
JACK LONDON

« Quant à la dame que nous avons recueillie ce matin, sa situation est pire encore… Et dire que vous vous faites encore des illusions ! Attendez la suite… Le loup, oui, je dis « le loup », nous en ménage d’autres, croyez-moi !

— Tu as peut-être raison et le sort de cette femme m’inquiète aussi. Si des difficultés surgissent à son sujet, seras-tu de notre côté ?

— De votre côté ? Je serai du côté du vieux Louis, et ce sera largement suffisant…

— Toi, alors, comme trouillard… ricanai-je.

Louis haussa les épaules, avec mépris.

— Si je n’ai rien tenté tout à l’heure, pas même une protestation, en faveur de ces pauvres diables, que Loup Larsen veut abandonner à leur triste sort, je ne serai pas assez bête pour risquer ma vie pour une femme que je n’ai jamais vue aujourd’hui.

Je lui tournai le dos et revins vers Loup Larsen.

— Veuillez donc, monsieur Van Weyden, me dit-il, faire abattre les focs et carguer la grand-voile.

Je respirai. Loup Larsen, quoi que prétendît Louis, n’abandonnait pas le canot. Je me hâtai de transmettre l’ordre aux matelots, qui, se saisissant des drisses, se précipitèrent aussitôt pour l’exécuter. En un instant, ce fut un branle-bas général, dont l’empressement n’échappa pas à Loup Larsen qui regarda faire avec un sourire sarcastique. Le canot était à plusieurs milles à

248