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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/249

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JACK LONDON

Lorsque l’atmosphère se fut éclaircie, aucun bout de toile ne surgissait plus sur les flots agités. Il me sembla seulement, pendant la durée d’une seconde, apercevoir, à l’aide d’une longue-vue, la quille noire du canot retourné au sommet d’une lame. Et ce fut tout. Pour Johnson et Leach, le labeur de l’existence avait pris fin.

Les matelots restaient en groupes sur le navire, comme hébétés. Ils n’osaient même pas s’interroger des yeux et semblaient ne pas se rendre compte exactement de ce qui venait de se passer.

Loup Larsen ne les abandonna pas longtemps à leurs réflexions. Il claironna ses ordres et remit le Fantôme sur sa vraie route, qui n’était pas la route de Yokohama, mais celle du troupeau de phoques.

Mollement, les matelots se mirent à tirer sur les manœuvres et à hisser les voiles. Et j’entendis proférer des malédictions à l’adresse de Loup Larsen.

Il n’en était pas de même des chasseurs, qui trouvaient évidemment la farce excellente. Smoke, l’incorrigible, entama une plaisante histoire et tous, à sa suite, dégringolèrent dans le poste en s’esclaffant.

Un des hommes que nous avions recueillis, celui qui était mécanicien de son métier, vint à moi et m’accosta. Son visage était pâle et ses lèvres tremblaient.

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