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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/260

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LE LOUP DES MERS

pitance en me donnant un coup de main. Quel est votre métier ?

Elle haussa les épaules et ne répondit pas.

— Je précise ma question. Vous nourrissez-vous vous-même ? Ou quelqu’un d’autre s’en charge-t-il ?

— La seconde supposition est la plus vraisemblable… fit-elle en riant.

Malgré l’effroi que lui inspirait Loup Larsen, elle essayait d’entrer dans le persiflage de son interlocuteur.

— Et c’est quelqu’un aussi qui chaque jour vous fait votre lit, j’imagine ?

— Ça m’est déjà arrivé, de faire un lit.

— Souvent ?

Elle esquissa, avec une nouvelle moue, un signe de tête négatif.

— Eh bien, savez-vous comment, aux États-Unis, on traite les gens qui errent comme vous sur les routes en refusant de travailler pour gagner leur pain ?

— Excusez mon ignorance… Car j’ignore beaucoup de choses. Que leur fait-on ?

— On les fourre en prison. Leur cas est considéré comme un délit ; on appelle ça : vagabondage. Si j’étais M. Van Weyden, qui nous rabâche éternellement ses théories du droit et du devoir, du bien et du mal, je vous demanderais, à mon tour, de quel droit vous existez, si vous ne faites rien pour mériter l’existence.

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