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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/267

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JACK LONDON

coururent après lui, et tout l’équipage s’en donna à cœur joie de la poursuite qui s’ensuivit.

C’était à qui brûlait d’envie de voir donner un bain, par-dessus la lisse, au coq, qui avait expédié au poste d’avant tant d’infâmes ratatouilles.

Les circonstances favorisaient l’entreprise. Le Fantôme glissait sur l’eau à une vitesse modérée, qui ne dépassait pas trois milles à l’heure, et la mer était admirablement calme. Mais Mugridge n’avait aucune envie de faire trempette. Peut-être avait-il vu déjà d’autres patients être mis en remorque. De plus, l’eau était terriblement froide et Mugridge plutôt frileux de nature.

Comme d’habitude, les chasseurs étaient montés sur le pont, pour jouir du divertissement escompté.

Quant au coq, en proie à une frousse intense, il témoignait d’une vélocité dont nous ne l’aurions jamais cru capable, à cause de sa claudication.

Acculé à l’arrière, il fila entre les jambes de ses poursuivants et courut vers l’avant de la goélette, ayant sur ses talons Harrison qui le gagnait de vitesse.

Mais Mugridge s’agrippa à l’emmanchure du mât de beaupré, et s’y suspendit, en repliant ses jambes sous lui. Puis, dès que Harrison, qui se précipitait, fut à sa portée, il lui décocha une ruade, que l’autre encaissa en plein creux de l’estomac.

Harrison émit un sourd grognement et tomba

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