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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/268

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LE LOUP DES MERS

sur le pont, à la renverse. Les bravos et les rugissements de rire des chasseurs de phoques saluèrent cet exploit, pendant que Mugridge, bousculant ses poursuivants essoufflés, revenait prestement vers l’arrière.

Comme lancé par une catapulte, il vint se jeter dans les jambes de Nilson, qui tenait la barre. Les deux hommes roulèrent sur le sol. Mais, seul, Mugridge se releva. La jambe gauche du robuste gaillard qu’était Nilson s’était brisée sous le choc, comme un tuyau de pipe.

On ramassa le blessé, Parsons prit la roue et la chasse recommença. Gibier et limiers firent plusieurs fois le tour du pont, les chasseurs de phoques beuglant alternativement aux matelots, qui s’interpellaient les uns les autres, et à Mugridge, qui leur filait dans les mains comme une anguille, leurs encouragements et leurs rires.

La bouche en sang, sa chemise crasseuse, cause de tout le mal, déchirée en lambeaux, le coq sauta, en désespoir de cause, dans les haubans du grand mât qu’il escalada, au-delà des enfléchures, jusqu’à la pomme.

L’instant d’après, une demi-douzaine de matelots grouillaient sur les vergues, en dessous de Mugridge, que Black et Oofty-Oofty se risquèrent à aller cueillir.

C’était une entreprise malaisée. Alors qu’ils se hissaient et se maintenaient en l’air à la force du poignet, Mugridge, qui les dominait, avait tout

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