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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/278

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LE LOUP DES MERS

ment ma défense, et je ne prendrai pas la vôtre. Le nécessaire, avant tout, c’est éviter d’irriter cet homme, ne pas contrecarrer ses volontés.

« Vis-à-vis de lui, nous aurons toujours le sourire et, malgré toute la répulsion qu’il nous inspire, nous lui témoignerons de l’amitié. Pour vous, ce sera dur, sans doute. Mais il le faut.

« Cajolez-le de toute façon, parlez-lui art et littérature, il en raffole… Il sait écouter d’ailleurs, car il est loin d’être bête. Quand un spectacle trop brutal se déroulera devant vous, ne protestez pas, fermez les yeux et retirez-vous dans votre cabine.

Elle se rebellait encore.

— En somme je dois mentir en paroles et en actes ?

— Je vous en supplie, faites-le !

J’aperçus, à ce moment, Loup Larsen qui nous observait. Il faisait les cent pas sur le pont, en compagnie de Latimer, qu’il quitta pour venir vers nous.

— Je vous en supplie, Miss Brewster, dis-je à mi-voix, comprenez-moi et suivez mes conseils. Avec un tel homme, tout ce que vous connaissez de la vie ne sert à rien.

Et, comme Loup Larsen se rapprochait, je poursuivis à voix haute :

— Parfaitement, Miss Brewster. Les revues ni les éditeurs ne voulaient rien lui prendre. Ils lui retournaient tous ses manuscrits. Moi seul, je rendais justice à son génie. Et quand on a finalement

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