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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/285

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JACK LONDON

j’ignorais et je sentais le tourment poindre en moi. Déjà jaloux !

J’étais stupéfait et, au fond de moi, je doutais encore de la réalité rapide de ce roman, que les circonstances extraordinaires avaient fait naître.

Et ces vers de Symons me revinrent à la mémoire :

Parmi tant d’autres femmes,
Sans le savoir, je la cherchais…

J’avais trouvé !

Et je me souvins aussi d’autres beaux vers d’Élisabeth Browning :

Une musique nouvelle,
Plus suave et belle,
Chante aujourd’hui dans mon cœur
Rêveur.

La douce musique inconnue chantait aussi à mes oreilles. Elle m’ensorcelait à ce point que j’en avais oublié où et en quelle compagnie je me trouvais.

L’âpre voix de Loup Larsen me tira de mon rêve.

— Bon Dieu, qu’est-ce que vous fichez là, monsieur Van Weyden ? disait-elle.

Tout en songeant, je m’étais en effet égaré, sans les voir, au milieu d’un groupe de matelots, qui étaient occupés à goudronner une partie du

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