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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/284

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LE LOUP DES MERS

cru qu’un tel sentiment puisse naître dans de pareilles circonstances. Bien sûr, je savais que tôt ou tard, je répondrais inévitablement à l’appel de l’amour, mais ces longues années de retraite studieuse ne m’y avaient pas préparé.

Je songeai au premier petit volume qu’en ma qualité de critique influent j’avais reçu un jour de Maud Brewster. Je le revoyais, posé sur mon bureau, comme si ç’avait été hier. Je l’avais lu et m’en étais enthousiasmé, seul contre tous.

Puis d’autres volumes étaient venus. Ils étaient, au complet, soigneusement rangés sur un des rayons de ma bibliothèque. Mon admiration avait crû, avec chacun d’eux, pour celle qui les avait écrits.

Depuis longtemps, cette femme et moi, nous étions, par l’esprit, frère et sœur. Et voilà que c’étaient nos cœurs qui fraternisaient aujourd’hui !

Moi, Humphrey Van Weyden, que Charley Furuseth, qui se plaisait à me larder de ses épigrammes, avait baptisé « l’anti-émotif », « le démon sceptique », « l’annelé au sang froid » !

Mon cerveau, qui continuait à trotter, se reporta de lui-même à un autre volume relié de rouge, le Who’s Who de l’année, où il était dit, dans une courte notice biographique : Miss Maud Brewster, née à Cambridge (Massachusetts), vingt-sept ans, poétesse.

Vingt-sept ans ! Et le cœur libre… Voilà ce que

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