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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/289

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JACK LONDON

— C’est peut-être un Russe.

Tous les visages se rembrunirent. Un « Russe » ne pouvait signifier qu’un croiseur russe.

Les chasseurs ne connaissaient qu’approximativement la position de la goélette. Ils n’ignoraient pas, cependant, qu’elle ne devait pas se trouver loin de la zone interdite, et la renommée de braconnier de la mer de Loup Larsen était notoire.

— Nous n’avons rien à craindre de ce côté, affirma Larsen. Smoke, rassure-toi, tu ne retourneras pas faire un stage dans les mines de sel ! Personnellement, je parierais cinq contre un que la fumée est celle du Macédonia. Qui tient le pari ?

Et, comme personne ne répondait :

— Si mon pronostic est exact, c’est à dix contre un que je parierais qu’il y aura bientôt de la casse…

— Merci bien, capitaine ! déclara Latimer. Ce n’est pas pour l’argent que je perdrais, mais franchement je préférerais qu’on aille un peu plus loin.

« Chaque fois que vous avez rencontré votre frère, capitaine, il y a eu du grabuge. Et moi, je parie à vingt contre cent que la même histoire va recommencer.

Le repas se termina sans autre incident et ce fut sur ma personne que Loup Larsen reporta sa mauvaise humeur. Il débita, à mon sujet, les railleries les plus blessantes, et tenta tout pour me faire sortir de mes gonds et pour provoquer une bagarre.

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