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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/290

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LE LOUP DES MERS

Je maîtrisai ma rage intime, pour l’amour de Maud et, nos yeux s’étant croisés pendant une rapide seconde, je fus récompensé du sang-froid que je m’étais imposé. « Tenez bon ! Tenez bon ! » me disaient-ils.

Le déjeuner achevé, nous quittâmes tous la table pour monter sur le pont.

L’apparition d’un vapeur rompait la monotonie de l’existence quotidienne. La pensée qu’il s’agissait du Macédonia et de Larsen-la-Mort ajoutait à l’émotion.

La mer, qui avait été grosse pendant toute la nuit, venait de se calmer. Le temps était favorable pour la mise à l’eau des canots et cet après-midi de chasse allait vraisemblablement être exceptionnellement fructueux. Car aucune autre goélette n’avait paru au cours de la matinée, et nous étions en plein dans le troupeau de phoques.

La fumée était à plusieurs milles derrière nous, mais elle nous gagnait rapidement de vitesse.

Les canots s’éparpillèrent vers le nord. De temps à autre, nous pouvions voir une voile s’abaisser, entendre la détonation des fusils, puis la voile se relever.

L’Océan était littéralement couvert de phoques endormis, qui nous entouraient par petits groupes ; ils ressemblaient, à s’y méprendre, à de gros chiens paresseux.

À mesure que la fumée approchait, la coque et la superstructure du navire grandirent sur l’ho-

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