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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/302

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LE LOUP DES MERS

que le capitaine l’invita à descendre dans sa cabine, pour y trinquer avec lui. Il se décida cependant.

Trois minutes ne s’étaient pas écoulées lorsque j’entendis monter de la cabine un beuglement énorme, à demi étranglé, que suivit le bruit d’une lutte furieuse.

C’était la bataille du lion et du léopard. Loup Larsen était le léopard, et c’était le lion qui rugissait.

— Vous le voyez par vous-même, dis-je à Maud Brewster. Sur ce bateau, l’hospitalité est une chose sacrée !

Elle me fit un signe de tête silencieux, et je reconnus chez elle ce même dégoût, qui s’était emparé de moi, aux premières scènes de violence dont j’avais été témoin sur le Fantôme.

— Vous feriez mieux de retourner au poste d’arrière.

Elle secoua la tête et me regarda d’un air, non pas effrayé, mais consterné plutôt, devant ce spectacle de la bestialité humaine.

— En tout cas, dis-je, vous comprenez maintenant pourquoi je dois faire le chien couchant devant Loup Larsen. Pourquoi aussi vous devez m’imiter, si vous voulez que nous sortions vivants de cet enfer…

— Oui, oui, je comprends…, répondit-elle faiblement.

Le vacarme d’en bas cessa bientôt et Loup Larsen remonta seul sur le pont.

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