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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/301

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JACK LONDON

au ralenti, à quelques mètres du canot. Les trois hommes, qui devaient savoir à quoi s’en tenir sur la réputation de Loup Larsen, nous observaient d’un air soupçonneux.

Mais ce fut d’un geste aimable que Loup Larsen les salua, en leur criant :

— Montez à bord nous faire une petite visite.

Ces visites, qui rompent la monotonie de leur dure existence, se pratiquent parfois entre les équipages des goélettes phoquières, et le canot, après quelque hésitation, ayant amené sa voile, nous aborda.

— Miss Brewster, vous voudrez bien, dit Loup Larsen, rester près de moi, et vous aussi monsieur Van Weyden, pour m’aider à faire honneur à nos hôtes.

Là-dessus, le grand Scandinave, avec sa large barbe d’or de Roi de la Mer, enjamba la lisse et sauta sur le pont.

Mais, en dépit de sa formidable stature, il ne semblait pas complètement rassuré. La méfiance et le doute se lisaient sur son visage qui, sous son bouclier hirsute, était légèrement rose. Ce Goliath, qui dominait Loup Larsen de toute la tête, devait mesurer un mètre quatre-vingt-quinze et peser dans les deux cent quarante livres. Et il était tout en chair, en os et en muscles.

Il parut un peu rassuré quand il vit que Loup Larsen et moi étions seuls avec une femme sur la goélette. Mais il fronça de nouveau le sourcil, lors-

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