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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/314

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LE LOUP DES MERS

Il me fit un signe, pour m’appeler, et m’ordonna, à voix basse :

— Je vais virer de bord. Carguez les huniers, mettez tous les hommes à la manœuvre des voiles, et surtout pas de bruit. Évitez le grincement des poulies. Pas de bruit ! Compris ?

Quand furent prises toutes les dispositions nécessaires :

— Lofez ! commanda-t-il[1].

L’ordre fut transmis à mi-voix, de bouche en bouche, et le Fantôme se trouva, silencieusement, avoir modifié sa direction. Les quelques bruits légers, inévitables, claquements de voiles ou geignements des poulies qui se produisirent, furent étouffés sous les plis du linceul qui nous ensevelissait.

Une demi-heure après, nous sortions du brouillard, aussi soudainement que nous nous y étions engloutis, et nous retrouvions, avec le soleil, la mer immense qui dansait jusqu’à la ligne d’horizon.

Mais il n’y avait plus, sur la surface, de Macédonia furibond, noircissant le ciel de sa fumée.

Nous courûmes le long du banc de brume. Le dessein de Loup Larsen était d’y entrer à plusieurs milles du point où nous y avions pénétré, alors que nous avions le Macédonia à nos trousses.

Le navire de Larsen-la-Mort ne saurait plus où

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  1. « Lofer » signifie naviguer au plus près du vent, qui vient directement frapper par côté le navire et ses voiles.