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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/320

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LE LOUP DES MERS

Il avait engagé avec Maud Brewster, une discussion animée sur la tentation, et sur le plus ou moins de mérite qu’a l’homme d’y résister.

Lorsque nous avons le choix entre le bien et le mal, affirmait Maud, c’était notre âme qui décidait et faisait pencher la balance du bon ou du mauvais côté.

Loup Larsen rétorquait que la force du désir seule entrait en ligne. Nous résistions si le désir était médiocre. Nous succombions s’il était intense.

La discussion, à laquelle je pris discrètement part, continua quelque temps encore. Loup Larsen était plein de faconde et ne tarissait pas ; je ne l’avais jamais vu si volubile.

Il amena la conversation sur l’amour et exposa avec flamme son point de vue, qui était, comme de coutume, tout matérialiste. Il glorifiait les sens, et Maud le cœur qui les domine.

Maud, elle aussi, s’exaltait intensément et j’observais son visage qui, peu coloré d’ordinaire, se teignait d’un vif incarnat.

Elle soutenait brillamment cette joute oratoire, avec des reparties spirituelles auxquelles Loup Larsen paraissait prendre le plus grand plaisir. Toute sa sombre mélancolie semblait s’être dissipée.

Et, tandis que je me perdais dans la contemplation d’une mèche folle, qui retombait sur le front de la jeune femme, Loup Larsen, ayant pris un

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