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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/319

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JACK LONDON

nouveaux venus ce qu’était ce bateau d’enfer et hurlait ses injures à l’adresse de Loup Larsen.

Loup Larsen ! C’était toujours à lui qu’en revenaient les conversations. Loup Larsen, bourreau d’hommes, Circé mâle dont ces matelots étaient les pourceaux, brutes martyrisées qui rampaient devant lui et ne se révoltaient que hors de sa présence, parce qu’elles étaient ivres et qu’il ne pouvait les entendre.

Et moi aussi, n’étais-je pas du nombre de ces pourceaux ? Je grinçai des dents à cette pensée, et un tremblement me saisit, si violent que le matelot que je soignais en frémit sous ma main et qu’Oofty-Oofty me regarda curieusement.

De toute manière, je romprais le charme diabolique. C’était maintenant décidé. À travers tous les obstacles, l’amour qui était né en moi me soulèverait sur ses ailes.

Je remontai sur le pont où le brouillard qui recouvrait tout d’un voile fantomatique, tourbillonnait dans la nuit. Nous naviguions au travers, sans feux de position. L’air était doux et pur, avec une faible brise.

Après avoir été panser dans leurs lits les deux chasseurs blessés, je me dirigeai vers le carré, où le dîner était servi. Loup Larsen et Maud m’attendaient.

Alors que tout son navire s’enivrait, Loup Larsen demeurait sobre. Sa victoire sur son frère l’avait mis de bonne humeur.

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