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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/328

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LE LOUP DES MERS

parut éprouver comme un soulagement physique.

En ce qui me concerne, je vis rouge de nouveau. Tout ce que j’avais souffert de cet homme, toutes les humiliations et toutes les brutalités, endurées par moi et par les autres, du fait de ce monstre, dont l’existence était un défi à la création, me revinrent soudain à l’esprit, comme un rayon de lumière dans les ténèbres.

Je m’élançai sur lui, comme un dément, et mon poignard s’enfonça dans son épaule.

Je sentis l’acier pénétrer dans la chair et glisser sur l’omoplate. Et je compris que ce n’était là qu’une blessure toute superficielle.

Alors je levai encore le bras et je m’apprêtais à l’atteindre en une partie plus vitale, quand Maud s’écria :

— Non ! Non ! Je vous en supplie !

Je baissai le bras, pendant un court instant, pour le relever bientôt, et Loup Larsen serait certainement mort, si Maud Brewster ne s’était pas mise entre nous.

Ses bras m’entourèrent, sa chevelure frôla mon visage. Mon pouls se mit à battre à coups précipités, sous la double émotion que je ressentais, car ma rage était loin de s’apaiser. Elle grandissait plutôt.

— Je vous en supplie ! répéta Maud. Pour l’amour de moi !

— Je le tuerai, pour l’amour de moi-même ! répondis-je.

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