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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/329

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JACK LONDON

Je tentai, sans lui faire de mal, de me libérer de son étreinte.

— Taisez-vous ! dit-elle.

Et elle posa, légèrement, ses doigts sur mes lèvres. Malgré mon état de fureur, je les aurais volontiers baisés, tellement le contact m’en était doux, si doux…

Je reculai un peu et elle continua :

— Je vous en prie ! Je vous en supplie !

Ses paroles me désarmèrent, et je compris qu’elles me désarmeraient toujours. Je m’écartai davantage de Loup Larsen et remis le poignard dans sa gaine.

Je regardai Loup Larsen. Il appuyait toujours sa main gauche sur son front pour se protéger les yeux.

Il penchait la tête et son corps, comme celui d’un estropié, s’affaissait sur les hanches. Ses larges épaules se contractaient en se voûtant.

— Van Weyden ! cria-t-il d’une voix rauque, avec une note d’effroi. Van Weyden ! Où êtes-vous ?

Je regardai Maud. Elle ne disait rien, mais secouait la tête avec pitié.

— Ici…, répondis-je en m’avançant vers lui. Qu’y a-t-il ?

— Aidez-moi à m’asseoir…, dit-il avec la même intonation rude et apeurée. Je suis malade, Hump, très malade.

Il me saisit le bras, dont il usa, comme d’un soutien, pour gagner une chaise, où il s’affala.

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