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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/342

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LE LOUP DES MERS

était incapable de bouger de l’endroit où elle était assise.

Je lui frictionnai mains et bras, et l’aidai à gagner le nid des couvertures.

— Je suis éreintée… dit-elle en soupirant et en laissant tomber sa tête de fatigue.

Je fronçai le sourcil, en la voyant à ce point exténuée.

— Oh ! ne me grondez pas ! reprit-elle. Ne me grondez pas, je vous en prie !

— Est-ce que j’ai l’air d’être en colère ?

— N… non, mais je lis vos reproches sur votre visage. Je vous promets de ne pas recommencer…

— Mais il faut aussi me promettre autre chose.

— Quoi donc ? C’est promis d’avance.

— Eh bien, c’est de ne pas dire aussi souvent : « Je vous en prie… » Car vous m’enlevez, vis-à-vis de vous, toute force et toute autorité.

Elle sourit, amusée. Car elle n’avait pas été sans remarquer, elle aussi, le pouvoir que contenait cette prière.

Mais sa tête retomba presque aussitôt.

Je bordai la jeune femme, lui enveloppai chaudement les pieds et lui recouvris le front, jusqu’aux yeux.

Puis je repris mon poste et me mis à observer le ciel, qui se chargeait vers le sud-ouest. Je songeai aux six cents milles que nous avions à parcourir et aux dangers trop réels que nous courions. Une tempête pouvait s’élever, à tout moment, et

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