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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/344

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LE LOUP DES MERS

Il consistait à lier solidement la voile repliée autour du mât, et à jeter le tout à la mer, en l’amarrant au canot par une corde.

Ce fut ainsi que j’opérai, en ajoutant au paquet deux avirons de rechange. Ce poids mort, que l’embarcation traînait après elle, lui fournissait une sorte de point d’appui contre les vagues écumantes et l’empêchait d’être submergée.

Lorsque j’eus terminé, Maud me demanda, alors que je renfilais mes moufles :

— À quelle vitesse allons-nous ?

— À une vitesse approximative de deux milles à l’heure… Mais pas dans la direction du Japon. Nous dérivons en sens contraire, vers le sud-est.

— Peuh ! dit-elle gaiement. Ça ne fera jamais qu’une perte de vingt-quatre milles, si le mauvais temps dure jusqu’au matin.

— Oui, et de cent quarante-quatre milles, s’il s’obstine pendant seulement trois jours…

— Mais ça n’arrivera pas, répliqua-t-elle très sûre d’elle. Le beau temps et un vent favorable reviendront bientôt.

— Qui sait ? La mer est la grande infidèle. J’ai eu tort, d’ailleurs, de ne pas emporter le sextant de Loup Larsen avec nous.

« Cingler dans une direction, dériver dans une autre, sans parler de l’effet des courants, produit une résultante assez difficile à déterminer. D’ici peu, nous ne saurons plus où nous sommes, je le crains.

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