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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/348

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LE LOUP DES MERS

le canot se dressait presque debout sur son ancre de fortune.

À chaque minute, nous courions le risque d’être engloutis. Les embruns et l’écume passaient si nombreux par-dessus bord que je devais écoper sans arrêt.

Toutes nos couvertures étaient trempées. Maud, sous son ciré, son suroît et dans ses grandes bottes de caoutchouc, ruisselait, mais était sèche en dessous. Seuls son visage, ses mains et une mèche folle de ses cheveux luisaient et dégouttaient.

Elle me relayait de temps à autre à l’écope et en jetant par-dessus bord l’eau embarquée, affrontait bravement la tempête.

Quand je dis la tempête, c’est une façon de parler. Car une vraie tempête nous aurait sans doute engloutis. Ce n’était qu’un grain, un très mauvais grain. Mais tout est relatif et ce n’en était pas moins notre vie que nous jouions tous deux.

Nous luttâmes la journée entière, sous un vent toujours hostile et glacé, tandis qu’autour de nous rugissaient les vagues.

La nuit revint, pour la troisième fois, et ni Maud ni moi nous ne dormîmes. La situation resta inchangée le jour suivant.

Au cours de la quatrième nuit, la jeune femme s’écroulait de sommeil. Je la couvris d’une bâche goudronnée et elle s’endormit.

Le lendemain matin, alors que reparaissaient la même lumière glacée, le même ciel chargé de

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