Aller au contenu

Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/369

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
JACK LONDON

débarqué une fois sur une île où des oies sauvages avaient établi leurs nids. Elles l’ont tué.

— Qui ça, les oies ?

— Parfaitement ! C’est mon père qui me la racontait.

— Bon ! m’écriai-je. Allons-y sans crainte. Quand je foncerai sur eux, les phoques seront sans doute les premiers à prendre la fuite.

J’avais, pour arme, un de ces casse-tête, comme il s’en trouvait dans tous les canots phoquiers, et dont les matelots se servaient pour achever, en mer, les animaux atteints par les balles des chasseurs.

Très court, il ne mesurait pas plus de cinquante centimètres de long. Et, dans ma superbe ignorance, je ne savais pas que les casse-tête, employés pour la chasse à terre, étaient munis d’un manche atteignant un mètre vingt, et même un mètre cinquante.

J’allai droit vers le gros mâle.

Comme la distance entre moi et lui diminuait — nous n’étions plus mutuellement qu’à quatre mètres — je vis le phoque se dresser plus haut sur ses nageoires, d’un mouvement irrité. Mais je m’attendais à le voir faire demi-tour, d’un instant à l’autre.

Je continuai à avancer.

Quand il n’y eut plus que deux mètres, je fus pris tout à coup d’une terreur panique. Qu’arriverait-il, si le phoque ne s’enfuyait pas ? — Eh bien, je l’assommerais ! songeai-je.

370