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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/368

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LE LOUP DES MERS

répondis-je. L’hiver arrive à grands pas. D’ailleurs, je ne suis pas autrement persuadé qu’un phoque souffre plus, d’un coup bien appliqué sur le crâne, que d’une balle.

« C’est à moi que la besogne incombe.

Maud hocha la tête.

— Vous ne pouvez pas y aller seul, c’est trop dangereux. Si, si, j’en suis sûre. Je ne suis qu’une faible femme, mais je pourrai tout de même vous aider… Et je regarderai ailleurs, quand…

— … Quand le danger sera trop sérieux, dis-je en riant.

Nous débarquâmes, dès le point du jour suivant, dans une des baies les plus fréquentées par les phoques. Une partie d’entre eux s’ébrouaient dans la mer. D’autres s’ébattaient sur la grève, en beuglant tellement fort que, Maud et moi, nous devions crier pour nous entendre.

L’énorme troupeau nous pressait de toutes parts et il ne semblait nullement effrayé.

— Allons-nous-en ! dit Maud. Nous couvrirons notre hutte avec des roseaux…

Toutes ces gueules de chiens, qui nous entouraient, avec leurs dents blanches, n’avaient en effet rien de rassurant. Un gros mâle, notamment, dressé sur ses nageoires antérieures, à dix mètres de nous, nous regardait avec une insistance désobligeante.

— On m’a raconté, reprit Maud, quand j’étais petite, l’histoire terrifiante d’un homme, qui avait

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