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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/385

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JACK LONDON

Et partout traînaient de vieux vêtements déchirés, des bottes de mer éculées, des cirés usés, tout l’équipement coutumier, rebuté et dévalorisé, d’un équipage qui avait fait une longue campagne.

Haletant et poussé par je ne sais quel espoir imprévu, je regrimpai sur le pont et regardai autour de moi, avec plus de sang-froid. Je remarquai alors que les canots avaient disparu.

Au poste d’arrière, même spectacle qu’à l’avant. Les chasseurs de phoques avaient hâtivement rassemblé et emporté tout ce qui pouvait leur servir encore, et ils avaient laissé le reste derrière eux.

Le Fantôme était abandonné. Il était devenu ma propriété et celle de Maud. Je songeai au magasin à vivres et à celui de l’infirmerie ; je découvrirais peut-être, de quoi offrir à Maud un agréable déjeuner.

Une réaction joyeuse s’opéra en moi. Ma frayeur était passée et l’idée que mon intention de tuer le capitaine était devenue sans objet, me soulageait d’un très grand poids.

Je remontai allègrement l’escalier du poste, impatient d’aller porter à Maud toutes ces heureuses nouvelles. Et, comme je débouchais sur le pont, je vis… Loup Larsen.

Il se présentait à mi-corps, debout sur l’escalier intérieur qui descendait au carré, et je ne voyais que sa tête et la partie supérieure du torse.

Immobile, il me regardait en face.

Je me mis à trembler de nouveau et l’ancienne

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