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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/384

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LE LOUP DES MERS

Il allait falloir abandonner tout ça, pour nous livrer de nouveau au froid et aux tempêtes ! Il était évident que nous n’y survivrions pas.

Voilà ce que je me disais, hésitant encore à réveiller Maud et à lui annoncer l’effroyable réalité.

J’en vins à me demander s’il ne valait pas mieux tuer la jeune femme d’un coup de fusil, avant qu’elle n’ouvre les yeux…

Puis je fus soudain frappé du silence étrange qui régnait à bord du Fantôme. Rien n’y bougeait. Tout l’équipage, exténué par une nuit de lutte, dormait sans doute.

J’en profiterais pour me glisser silencieusement à l’intérieur de la goélette. Je gagnerais la cabine de Loup Larsen ; je connaissais le chemin, et c’est lui que je tuerais. Lui mort, nous verrions ensuite ce qui nous restait à faire.

J’avais mon poignard sur ma hanche. Je rentrai dans la hutte, pour y prendre mon fusil, et je m’assurai qu’il était chargé. Puis je m’approchai du Fantôme.

Je descendis dans l’eau jusqu’à la taille et, m’accrochant à un cordage, je me hissai à bord.

L’écoutille du poste d’avant était ouverte. Je m’arrêtai, pour écouter la respiration des hommes. Mais je n’entendis pas un souffle. Étrange.

J’écoutai plus attentivement. Rien. Pas un bruit. Avec précaution, je descendis l’échelle. La pièce avait cette odeur particulière, de vide et de moisi, propre aux maisons inhabitées.

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