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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/392

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LE LOUP DES MERS

couteau de yachtman. Je me penchai sur lui et lui parlai d’abord doucement puis à haute voix ; il ne bougeait pas. Je le palpai sur toutes les coutures, et pris le couteau. Je respirai alors plus librement.

Dans une lutte éventuelle entre nous deux, il ne restait plus à Loup Larsen que ses deux bras de gorille, alors que j’étais moi-même formidablement armé. C’était encore suffisant pour me faire trembler.

Ayant ajouté à mon paquet quelques ustensiles de cuisine et un peu de vaisselle de porcelaine, j’abandonnai l’ancien capitaine, étendu au soleil, et revins à la double hutte.

Maud dormait toujours. J’entrai chez moi, ranimai les cendres du foyer et me mis à préparer fiévreusement le déjeuner.

J’avais presque terminé, quand j’entendis la jeune femme remuer et marcher, dans ce que nous appellerons sa chambre. Elle apparut juste au moment où je versais le café dans les tasses.

Elle sourit, en voyant le couvert mis, et protesta gentiment :

— Vous avez profité de mon trop long sommeil pour usurper mes fonctions. Il était entendu que les soins de la cuisine m’incombaient…

— Une fois n’est pas coutume, répondis-je.

Elle était encore si engourdie qu’elle but, sans s’en apercevoir, son café dans la tasse de porcelaine que je lui tendais.

Aussi inconsciemment, elle accepta une assiette

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