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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/396

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LE LOUP DES MERS

Je souriais en moi-même, en songeant au merveilleux instinct féminin de compassion et de bonté, qui poussait Maud, malgré elle, à prendre Loup Larsen en pitié.

— Humphrey, il faut que vous alliez vous rendre compte…

— Alors vous ne craignez plus pour ma vie ? Et si Loup Larsen me tuait ?

Elle saisit l’ironie et répondit :

— Moquez-vous de moi tant que vous voudrez, je vous pardonne. Il faut que vous alliez à bord !

Je me levai docilement et descendis vers l’épave.

Une fois sur le pont du Fantôme, je fis, de la proue, un signe amical à Maud. Puis je me dirigeai vers le carré et vers la cabine de Loup Larsen.

Je m’arrêtai en haut de l’escalier et appelai. Loup Larsen répondit et commença à gravir les marches. Je pris en main le revolver.

Durant notre court entretien, je tins l’arme ostensiblement braquée vers lui. Mais il n’y prêta aucune attention. Son état physique ne s’était pas modifié depuis notre première entrevue. Il était triste et silencieux.

Quelques mots à peine furent échangés. Je ne lui demandai pas pourquoi il n’était pas venu à terre, pas plus qu’il ne s’inquiéta de savoir pourquoi je n’étais pas revenu à bord. Ses douleurs de tête, m’affirma-t-il, s’étaient apaisées. Là-dessus, nous nous séparâmes.

Maud reçut mon rapport avec un soulagement

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