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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/404

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LE LOUP DES MERS

est implanté assez solidement sur la grève, pour qu’une tempête ne le remporte pas, une belle nuit, comme elle l’a amené. Et nous avec lui…

À vrai dire, cette éventualité ne semblait pas devoir être envisagée. Le Fantôme s’était échoué par grande marée, et il n’avait pas cessé, depuis, de s’enliser plus profondément dans le sable. Lorsque les vagues déferlaient sur elle, l’énorme coque n’avait même plus un frémissement.

Dans l’après-midi, Maud m’accompagna sur la goélette, où je la hissai, non sans peine, à l’aide d’un cordage dont elle se lia à la taille.

Nous nous mîmes immédiatement au travail. Bientôt Loup Larsen se manifesta en entendant mes coups de marteau.

— Hé là ! cria-t-il. Qu’est-ce que vous faites. Vous sabordez mon bateau ?

— Pas du tout, je le répare, au contraire, répondis-je.

La voix rauque gronda :

— Je vous interdis de mettre le pied sur mon bateau. Le Fantôme, et tout ce qu’il contient, m’appartient. C’est mon bien propre.

Je ripostai :

— Vous oubliez que vous n’êtes plus un gros morceau de ferment. Vous l’étiez et vous auriez été capable de me manger, comme vous le disiez. Maintenant, la levure est éventée et c’est moi qui pourrais vous manger.

Il émit un petit rire désagréable.

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