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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/405

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JACK LONDON

— Je remarque que vous me renvoyez ma philosophie. Mais ne commettez pas l’erreur de me sous-estimer. Je vous en avertis pour votre propre bien.

— Depuis quand êtes-vous devenu philanthrope ? En me donnant cet avertissement, vous êtes inconséquent avec vous-même.

Il ne répondit pas à ma raillerie et se contenta de grommeler :

— Et si je fermais la porte… L’autre jour, vous m’avez possédé, hein ?

— Loup Larsen, déclarai-je d’une voix forte, écoutez-moi bien…

C’était la première fois que je lui donnais directement ce nom familier.

— … Je suis incapable de tirer, sans motif, sur un homme hors d’état de se défendre. Vous me l’avez récemment prouvé, par A + B, à votre grande satisfaction, et à la mienne. Mais je vous préviens qu’au moindre acte hostile de votre part, je vous abattrai. C’est un bon conseil que je vous donne à mon tour.

— Et moi, je le répète, je vous interdis de toucher à mon bateau.

Je reculai vers la porte. Ses yeux étaient fixes et toute vie semblait s’être figée sur son visage. C’était un spectacle pénible dont je me serais volontiers passé.

— Allons, railla-t-il, sourdement, mais sa figure restait impassible, il n’y a plus personne qui me

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