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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/416

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LE LOUP DES MERS

C’est prévu et inévitable. Et pourtant, je le répète, je resterai lucide, vivant…

— Oui, votre âme immortelle survit.

Il grimaça un rire sardonique et gloussa :

— Mon âme ? Quelle âme ? Cela signifie simplement que chez moi certaines facultés ne sont pas atteintes par ce mal. Je suis capable de penser, de raisonner, de me souvenir. Quand elles m’abandonneront, je ne serai plus rien.

Et il se retourna, en remettant son oreille gauche sur l’oreiller, afin de me faire comprendre qu’il désirait ne pas poursuivre la conversation.

Maud et moi nous reprîmes nos travaux. Nos pensées étaient graves et solennelles et, de toute la journée, nous n’échangeâmes que des chuchotements.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Vous pouvez m’enlever les menottes, dit-il, ce soir-là, alors que nous allions lui rendre visite. Vous ne risquez rien. Je suis paralysé. Il faut maintenant faire surtout attention aux inflammations.

Il grimaça son terrible sourire, et Maud, horrifiée, détourna la tête.

— Vous savez que votre sourire est impressionnant ? fis-je, car je savais qu’elle devait le soigner et voulais l’épargner le plus possible.

— Eh bien, je ne sourirai plus, répondit-il calmement. Je le pensais bien… Mon côté droit s’engourdit, tantôt c’est le bras ou la main, tantôt la jambe ou le pied… Bon, considérez que dorénavant

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