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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/418

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LE LOUP DES MERS

— Mais…

— Ne répliquez pas ! Obéissez !

J’ouvris précipitamment la porte. Une épaisse fumée envahissait le couloir des cabines.

— Loup Larsen n’est pas mort, murmurai-je entre mes dents.

Je marchai à tâtons et m’attendais déjà à voir cette force de la nature se précipiter sur moi pour m’étrangler de sa poigne de fer. J’hésitai, en résistant contre une envie folle de rebrousser chemin. Puis je songeai à Maud et je compris que je ne pouvais pas reculer. Je pénétrai chez Loup Larsen.

C’était bien chez lui qu’était le foyer de l’incendie. Mais je ne voyais pas de flammes. Rien qu’une fumée épaisse et noire, à couper au couteau, issue je ne savais d’où. À tâtons, et tout en toussant, je me dirigeai vers la couchette de Loup Larsen. Je l’y trouvai étendu sur le dos et immobile.

Comme je me penchais sur lui, pour l’interroger, un fumeron me tomba sur la main. Il provenait de la couchette supérieure. Je compris tout de suite. Il avait eu suffisamment de force pour mettre le feu au matelas par une fente pratiquée dans le bois, en se servant de la main gauche. Mais la laine était humide et brûlait mal. Elle ne pouvait que se consumer lentement, en dégageant un flot asphyxiant de fumée.

Le péril, heureusement, n’était pas immédiat et, à l’aide de quelques seaux d’eau que j’allai tirer

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