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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/422

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LE LOUP DES MERS

— D’où tenez-vous cette expression ? demandai-je sèchement.

— Quelle expression ?

— Un petit bout de femme ?

— Elle est à vous ?… Je la connais depuis toujours. Mon père disait ça à ma mère.

— C’est également mon expression.

— Pour appeler votre mère ?

— Non.

Je ne poursuivis pas cette conversation. Je vis briller dans ses yeux une petite lueur moqueuse.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Loup Larsen est mort cette nuit.

Son âme est envolée dans la tempête, qui n’a pas cessé de rugir.

J’ai roulé le corps dans une voile et l’y ai ficelé étroitement.

Le pont était continuellement inondé. Le vent soufflait avec une force inouïe. Nous avions de l’eau jusqu’aux genoux.

— Je ne me rappelle qu’une phrase de l’oraison funèbre, dis-je après m’être découvert. « Et le corps sera jeté à la mer. »

Maud me regarda, à la fois surprise et choquée. Mais j’avais eu l’occasion de voir la méthode expéditive employée par Loup Larsen, lors d’un précédent décès ; c’est ce qui me poussait à agir de même avec lui.

J’ouvris un panneau et le corps, dans son linceul

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