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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/423

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JACK LONDON

de toile, glissa dans la mer, une barre de fer aux pieds en guise de lest.

— Adieu, homme fier et invincible, murmura Maud d’une voix si basse que les paroles furent noyées dans le rugissement du vent.

Mais j’avais vu le mouvement de ses lèvres et compris ce qu’elle disait.

Comme une grosse vague venait de bondir sur le Fantôme, j’aperçus, à deux ou trois milles devant moi, un petit vapeur qui roulait et tanguait, debout à la lame, et semblait venir vers nous.

Je tendis la main pour le signaler à Maud.

Le petit vapeur se faisait plus distinct. Il était peint en noir et je supposai, d’après les descriptions que les chasseurs de phoques m’avaient souvent faites de ce genre de bateaux, qu’il appartenait à la douane américaine.

J’allai me précipiter au magasin chercher un pavillon, quand je me rappelai soudain que j’avais oublié de faire provision de drisses.

— Nous n’avons pas besoin de pavillon de détresse, annonça Maud. Ils nous ont vus.

— Nous sommes sauvés, dis-je d’une voix grave et posée… Je me demande si je suis heureux ou non.

Nos regards se croisèrent. Nous nous penchâmes l’un vers l’autre et mes bras se refermèrent sur elle.

— Est-ce que c’est nécessaire ? demandai-je.

— Non, mais c’est si agréable de l’entendre dire.

Nos lèvres se joignirent.

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