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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/83

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JACK LONDON

étincelante sous le soleil, ou lever les yeux vers un matelot qui grimpe dans la mâture, ou m’isoler à la proue, en regardant notre étrave fendre les vagues, je suis sûr d’entendre derrière moi la voix détestée du coq me crier : « Et alors, Hump ! S’agit pas de tirer au flanc. Je t’ai à l’œil. »

Il y a, au poste d’arrière, des signes précurseurs d’un orage. Le bruit circule que Smoke et Henderson se sont colletés. Henderson semble être le plus équilibré parmi les chasseurs. Il est lent à se mettre en boule. Smoke l’aura fait sortir de ses gonds.

Toujours est-il que Smoke, en venant dîner, est arrivé avec un œil poché et l’air particulièrement mauvais.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Une scène cruelle a eu lieu un peu avant le dîner. Elle montre bien la dureté de cœur de tous ces hommes.

Parmi nous, il y a un novice, un nommé Harrison, gars de la campagne, à l’air balourd, qu’a entraîné sans doute l’esprit d’aventure ; il en est à sa première traversée.

Le vent étant devenu contraire, la goélette était obligée de tirer de nombreuses bordées. On sait qu’en ces moments les voiles « faseyent », c’est-à-dire battent l’air sous les deux actions opposées du vent.

C’est ainsi qu’Harrison fut expédié dans les hauteurs, pour remettre en place la corne de la

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