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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/84

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LE LOUP DES MERS

grande flèche. Les manœuvres[1] s’étant embrouillées, ce travail devait être fait à la main.

Il était visible que le pauvre garçon n’était pas rassuré. Se confier, à vingt-cinq mètres au-dessus du pont, à un mince filin, était, pour un débutant, assez hasardeux.

Si la mer avait été calme, comme le matin, le danger aurait été moindre. Mais le Fantôme roulait sur une longue houle, les mâts se balançaient sans arrêt, les voiles claquaient et mugissaient, et les drisses se détendaient, pour se raidir ensuite d’un seul coup. Elles pouvaient, en atteignant un homme dans ces mouvements alternés, le projeter dans le vide, comme une mouche sous une lanière de fouet.

Harrison entendit l’ordre qu’on lui criait, mais hésita à obéir. Johansen, jouant au sérieux le rôle de second qui lui était échu, et, pour l’autorité, prenant modèle sur Loup Larsen, se répandit en jurons et malédictions.

Si bien que Loup Larsen, impatienté, intervint.

— Ça suffit, Johansen ! dit-il brusquement. Sur ce bateau il n’y a que moi qui ai le droit de jurer. Tais-toi !

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  1. On donne aux cordages, sur un voilier, le nom global de « manœuvres ». Les « manœuvres dormantes » sont les cordages fixes qui assurent la solidité de la mâture ; tels sont les « étais » et les « haubans ». Les « manœuvres courantes » sont les multiples cordages (drisses, balancines, cargues, écoutes, armures) qui, jouant dans d’innombrables poulies, servent à mouvoir chaque élément du gréement d’un voilier.