Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/188

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« Permettez-moi de vous esquisser la puissance d’un seul de ces groupes, celui des Chemins de Fer. Il emploie quarante mille avocats pour débouter le public devant les tribunaux. Il distribue d’innombrables cartes de circulation gratuite aux juges, aux banquiers, aux directeurs de journaux, aux ministres du culte, aux membres des universités, des législatures d’État et du Congrès. Il entretient de luxueux foyers d’intrigue, des lobbies[1] au chef-lieu de chaque État et dans la capitale ; et dans toutes les grandes et petites villes du pays, il emploie une immense armée d’avocassiers et de politicailleurs dont la tâche est d’assister aux comités électoraux et assemblées de partis, de circonvenir les jurys, de suborner les juges et de travailler de toutes façons pour ses intérêts[2].

« Messieurs, je n’ai fait qu’ébaucher la puissance de l’un des sept groupes qui constituent

  1. Lobby, institution particulière ayant pour but d’intimider et de corrompre les législateurs qui étaient censés représenter les intérêts du peuple.
  2. Une dizaine d’années avant ce discours d’Everhard, la Chambre de Commerce de New York avait publié un rapport dont nous extrayons ces lignes : « Les chemins de fer gouvernent absolument les législatures de la majorité des États de l’Union ; ils font et défont à leur gré les sénateurs, députés et gouverneurs et sont les véritables dictateurs de la politique gouvernementale des États-Unis. »