Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/189

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le cerveau de la Ploutocratie[1]. Vos vingt-quatre milliards de richesse ne vous donnent pas pour vingt-cinq cents de pouvoir gouvernemental. C’est une coquille vide, et bientôt cette

  1. Rockefeller débuta comme membre du prolétariat, et, à force d’épargne et de ruse, réussit à organiser le premier trust parfait, celui qui est connu sous le nom de Standard Oil. Nous ne pouvons nous empêcher de citer une page remarquable de l’histoire de ce temps, pour montrer comment la nécessité, pour la Standard Oil, de replacer ses fonds en excédent, écrasa les petits capitalistes et hâta l’écroulement du système capitaliste. David Graham Phillips était un écrivain radical de cette époque, et cette citation d’un article de lui est empruntée à un numéro du Saturday Evening Post daté du 4 octobre 1902. C’est le seul exemplaire de ce journal qui soit parvenu jusqu’à nous ; mais, d’après sa forme et son contenu, nous devons conclure que c’était un des périodiques populaires à grand tirage :

    « Voilà dix ans environ, le revenu de Rockefeller était évalué à trente millions de dollars par une autorité très compétente. Il avait atteint la limite des placements profitables dans l’industrie du pétrole. Désormais d’énormes sommes en espèces, plus de deux millions de dollars par mois, se déversaient dans la caisse du seul John Davidson Rockfeller. Le problème du remploi devenait très sérieux. Il tourna au cauchemar. Le revenu du pétrole grossissait, s’enflait toujours, et le nombre des placements sûrs était limité, encore plus limité qu’à l’heure actuelle. Ce n’est pas précisément l’avidité de nouveaux profits qui poussa les Rockefeller vers d’autres branches d’affaires que le pétrole. Ils furent entraînés de force par ce flux de richesses qu’attirait irrésistiblement l’aimant de leur monopole. Ils durent organiser un personnel spécial pour faire