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CHAPITRE XII

LA CARAVANE VERS L’OUEST

La première sensation que j’éprouvai fut celle d’un flot de poussière. La poussière emplissait mes narines, âcre et sèche. Elle couvrait mes lèvres, mon visage et mes mains, et j’en avais la constatation la plus nette à l’extrémité de mes doigts, d’où je la faisais tomber à l’aide de mon pouce.

Je me rendis compte ensuite d’un mouvement incessant qui avait lieu autour de moi. Tout oscillait, en larges embardées. Il y avait des chocs et des cahots et, sans que j’en fusse étonné, j’entendais grincer des essieux, des roues gémir dans le sable ou rouler avec fracas sur des cailloux. En même temps, me parvenaient des voix fatiguées, d’hommes jurant et pestant après des bêtes fourbues, au pas lent et lourd.

J’ouvris les yeux, que j’avais fermés pour me protéger de l’inflammation causée par la poussière ; mais l’irritation y revint aussitôt, Les couvertures grossières sur lesquelles j’étais couché étaient recouvertes d’une couche épaisse de cette poussière. Celle-ci se tamisait à travers l’étoffe et les trous de la toile qui formait au-dessus de ma tête un toit cintré, mobile et balancé, et des myriades d’atomes lumineux descendaient vers moi, en dansant, à travers l’atmosphère, dans les rayons du soleil.

J’étais un enfant, un garçon de huit à neuf ans, et j’étais harassé, comme la femme au visage poussiéreux