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LE VAGABOND DES ÉTOILES

Je l’interrompis :

— Que l’on m’apporte, sans plus tarder, des vêtements dignes de moi !

Et, me retournant derechef vers les danseuses :

— Laissez en paix mes esclaves ! Ils viennent d’accomplir un long voyage et sont fatigués. Oui, ce sont là mes fidèles esclaves.

Kim m’emmena dans une autre pièce, où il m’aida, selon le désir que j’en avais exprimé, à changer de vêtements. Puis il renvoya les domestiques et, resté seul avec moi, me donna une brève et utile leçon sur la façon de m’exprimer et de me conduire. Il ne savait pas plus que moi où je voulais en venir. Mais il était, comme moi, plein de confiance.

Je revins dans la Grande Salle et (c’était le plus amusant de l’aventure), tandis que je débitais mon coréen, soi-disant rouillé par ma longue absence du pays, Hendrick Hamel et les autres, qui s’étaient entêtés à ne parler que leur langue, depuis leur arrivée à terre, ne comprenaient pas un traître mot de mes paroles.

— Je suis, proclamai-je, du noble sang de la Maison de Koryu, qui régnait-jadis à Songdo.

Et je débitai, de mon mieux, une vieille histoire, que Kim m’avait contée au cours de notre chevauchée. Tout en parlant, je le regardais tendre l’oreille, avec forces grimaces, pour bien s’assurer que j’étais un bon perroquet.

L’Empereur me demanda quelques renseignements supplémentaires sur mes compagnons. Je répondis :

— Ceux-ci, comme je l’ai dit, sont mes esclaves. Tous, sauf ce vieux coquin (je désignais du doigt Johannes Maartens), qui est le fils d’un affranchi.

Je fis signe à Hendrick Hamel qu’il s’approchât.

— Cet autre, continuai-je, est né dans la maison de mon père, d’une souche d’esclaves. Il m’est particulièrement cher. Nous sommes du même âge, nés le même jour, et, ce jour-là, mon père m’en fit présent.