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Page:London - Le Vagabond des étoiles.djvu/187

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SEIGNEUR ! UN PAUVRE MATELOT…

plus et mieux qu’un descendant de la maison des Koryu. Vous êtes…

Elle s’arrêta de parler et j’attendis, en observant la hardiesse croissante de son regard. Elle termina, au bout d’un instant :

— Vous êtes… Tu es un homme ! Un homme debout devant moi, tel que je n’en ai jamais pressenti, même dans les rêves les plus voluptueux de mon sommeil et de mes nuits.

Seigneur ! Seigneur ! Que pouvait faire, devant un tel aveu, un pauvre matelot ? Le pauvre matelot, j’en conviens, rougit terriblement sous sa peau tannée par la mer. Les yeux de Lady Om devinrent deux puits de malicieuse et taquine friponnerie, tandis que, de toutes mes forces, je retenais mes bras qui brûlaient de l’enlacer.

Finalement, elle se mit à rire, d’un rire qui me mettait plus encore l’eau à la bouche, et frappa dans ses mains. C’était signe que l’audience était terminée.

Je vins retrouver Hendrik Hamel, la tête complètement chavirée.

— Ah ! la femme ! prononça-t-il, après une longue et profonde méditation.

Et il me regarda avec un gros soupir d’envie, sur la signification duquel il m’était impossible de me méprendre.

— La femme, oui… reprit-il. Ce sont tes biceps, Adam Strang, c’est ton cou de taureau, ce sont tes cheveux d’or fauve, qui ont conquis celle-là ! C’est de bonne guerre, mon vieux. Pousse à fond ton jeu ! Et, si tu gagnes la partie, tout ira bien pour nous tous. Je vais te donner, si tu le veux bien, quelques conseils supplémentaires, sur la façon de te comporter avec elle.

Je me hérissai. Pour être un simple matelot, je n’en étais pas moins un homme, et je n’avais pas à être dirigé dans mes relations avec une femme. Hendrik Hamel avait pu être copropriétaire du vieux Sparwehr. Il possédait, je l’admets, des connaissances astronomiques, puisées par lui dans les livres destinés aux navigateurs,