Page:London - Le Vagabond des étoiles.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
OPPENHEIMER DEMEURE SCEPTIQUE

ces histoires. Te souviens-tu, réponds, de toutes tes anciennes lectures ? Non, n’est-ce pas ? Tu es collé…

Vainement je protestai que je n’avais jamais rien lu de la Corée, que quelques correspondances de guerre, lors du conflit russo-japonais.

— C’est bien cela ! triompha Jake Oppenheimer. La Corée ne t’est pas aussi inconnue que tu veux bien le dire. Voilà l’aveu !

Il me fut impossible de convaincre Oppenheimer. Il prétendait que j’inventais mes aventures, au fur et à mesure que je les frappais, et il concluait, en blaguant, dès que je me taisais :

— Merci pour aujourd’hui ! La suite au prochain numéro…

Et, si j’insistais, il répétait, en raillant, que j’avais dû, jadis, m’attarder à San-Francisco, dans les fumeries d’opium du Quartier Chinois, beaucoup plus qu’il ne convenait à un respectable professeur. Quelque chose, depuis, m’en était toujours resté !

Nos discussions, sur ce sujet, étaient interminables et sans cesse renouvelées.

— Dis donc, professeur, me frappa un jour Oppenheimer, tu prétends avoir joué aux échecs avec un lourdaud, qui était frère de l’empereur. Peux-tu me dire si ces échecs étaient semblables à ceux dont on se sert en Amérique, et si les parties différaient des nôtres ?

Je répondis que mes souvenirs étaient, sur ce point, assez vagues et que je ne pouvais rien affirmer. Oppenheimer naturellement, se moqua de moi.

J’ai dit qu’en fait mes vagabondages à travers le temps s’entremêlaient entre eux et que, souvent, les divers personnages que je réincarnais intervertissaient leurs rôles. En sorte que j’étais contraint ensuite de remettre de l’ordre dans toutes ces existences. Perpétuellement il m’arrivait de revenir en arrière et de revivre plusieurs fois les mêmes actes.

C’est ainsi qu’étant, au cours d’un des dédoublements