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Page:London - Le Vagabond des étoiles.djvu/219

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QUAND J’ÉTAIS RAGNAR LODBROG

— Ho ! Ho ! Un nain ! s’écria Tostig, en ôtant de ses lèvres, pour me regarder, un grand pot d’hydromel, à demi bu.

Le froid était mordant. Ce qui n’empêcha point Tostig Lodbrog de me tirer tout nu de la peau de loup. Puis me prenant par le pied, entre son pouce et son index qui étaient plus gros, l’un que ma cuisse et l’autre que ma jambe, il me tint suspendu en l’air, dans la morsure du vent.

— Ho ! Ho ! Ho ! s’exclama-t-il. Un gardon ! Une crevette ! Un pou de mer !

Et il continua à me balancer, la tête en bas, entre son pouce et son index.

Après quoi, une autre fantaisie lui passa par l’esprit.

— Le jeunet a soif ! dit-il. Je veux lui faire boire un coup !

Il m’amena au-dessus de son pot d’hydromel et m’y lâcha. Moi qui n’avais pas encore connu le lait du sein de ma mère, j’allais me noyer dans ce breuvage, fait pour les hommes. Lingaard, par bonheur, se précipita et me sortit du pot, puis me remit précipitamment dans la peau de loup.

Tostig Lodbrog flamboya. Il nous repoussa rudement, le vieillard et moi, et nous roulâmes sur le pont du navire. Ses énormes chiens, semblables à des ours, et qui prenaient part à toutes les batailles, s’élançaient sur nous.

— Ho ! Ho ! Ho ! tonitruait Tostig.

Mais Lingaard parvint, non sans peine, à m’arracher aux molosses, auxquels il abandonna la peau de loup.

Tostig Lodbrog, cependant, s’était remis à boire et terminait son pot d’hydromel. Il se calmait peu à peu, sans, que le vieillard osât intervenir, pour solliciter une pitié qu’il savait ne pas exister.

— C’est Tom Pouce ! reprit Tostig. Par Odin ! les femmes danoises sont d’une race bien misérable. Elles enfantent des nains et non des hommes ! Que pourra-t-on