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SUR LE VOLCAN JUIF DE JÉRUSALEM

aucune femme, des yeux semblables. Il y avait en eux un indéchiffrable message.

— Je L’ai vu, Lodbrog, dit-elle enfin, à voix basse. Je L’ai vu.

— Fassent les dieux, répondis-je en manière de plaisanterie, qu’en vous voyant, Lui, il n’ait point senti son cœur s’attendrir plus qu’il ne convient.

Elle ne prêta point attention à mes paroles. Ses yeux demeurèrent chargés de la vision qui était en eux et elle voulut continuer son chemin. Une seconde fois, je la retins.

— Est-ce lui, demandai-je, qui a mis dans vos yeux cette lueur singulière ?

— Oui, c’est Lui, me répondit-elle. Lui qui a ressuscité les morts. Il est vraiment le Prince de Lumière et le Fils de Dieu. Je L’ai vu et n’en doute plus maintenant. Le Fils de Dieu… vous m’entendez bien, Lodbrog, le Fils de Dieu !

Une colère monta en moi et je m’écriai :

— Alors, il vous a ensorcelée !

Des larmes contenues humectèrent ses yeux, qui en parurent plus profonds encore.

— Oh ! Lodbrog, Lodbrog, la fascination qui est en Lui dépasse toute pensée, toute description. Je L’ai vu. Je L’ai entendu. Vous m’en voyez toute transfigurée. Je distribuerai aux pauvres tous mes biens, et je le suivrai.

Je ripostai, en ricanant :

— Suivez-le donc, ce prophète ambulant ! Et sans doute, quand il sera Roi, vous fera-t-il partager sa couronne.

Elle fit un signe de tête affirmatif et c’est à grand’peine que je pus m’empêcher de la frapper en plein visage, pour la châtier de sa folie.

Un je ne sais quoi fit cependant que je m’écartai, afin de la laisser passer, et elle s’éloigna, en murmurant :

— Son Royaume n’est pas de ce monde…

Ce qui s’ensuivit est connu de tous. Après que Jésus,