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LE VAGABOND DES ÉTOILES

arrêté par ordre de Caïphe, eût été condamné à mort par le Sanhédrin, ou Tribunal des Prêtres, il fut, entouré d’une populace hurlante, envoyé à Pilate pour l’exécution de la sentence.

Or Pilate ne se souciait nullement de faire périr Jésus, qu’il continuait à considérer comme un simple visionnaire, et non comme un séditieux. La vie d’un homme, en elle-même, lui importait peu et il en eût fait périr cent, s’il avait estimé que leur mort importait à sa propre sécurité et à l’intérêt de Rome. Mais il n’aimait point qu’on prétendît lui forcer la main.

Il sortit donc de chez lui, la mine renfrognée, pour aller au-devant du prisonnier qu’on lui amenait. Et le charme, aussitôt, s’empara de lui. Je le sais. J’étais là.

C’était la première fois qu’il voyait Jésus, et il fut subjugué. Une vermine bruyante emplissait la cour du palais, maintenue à grand’peine par les soldats, et hurlant : « Crucifiez-le ! » Pilate, fixant son regard sur le pêcheur, désavoua tout haut la juridiction des prêtres et l’emmena avec lui, dans le prétoire. Que se passa-t-il entre eux deux ? Je l’ignore. Quand il revint, il était fermement décidé à sauver le condamné.

Mais vainement il tenta de détourner l’orage, en présentant Jésus comme un fou inoffensif, puis en offrant de le relâcher en l’honneur de la Pâque. Les chuchotements rapides des prêtres, qui étaient mêlés à la foule, décidèrent celle-ci à réclamer, au lieu de la libération de Jésus, celle de Barabbas.

Le tumulte croissait d’instant en instant et, de la cour, s’étendait maintenant à toute la ville. Lorsque, dans un dernier effort pour sauver le pêcheur, Pilate déclara que Jésus, étant né sujet d’Hérode-Antipas, devait lui être renvoyé, et ne pouvait être jugé ni exécuté à Jérusalem, une clameur furieuse monta de la foule, que mes vingt légionnaires et moi parvenions à peine à contenir. La foule criait que Pilate était un traître, qu’il n’était pas l’ami de Tibère !